La marche à la guerre contre l'Iran
Le Figaro s'interroge : "l'Amérique de Bush se prépare-t-elle à attaquer l'Iran d'Ahmadinejad ?"
Ce titre démontre bien la nouvelle pensée du 10 septembre qui prévaut en France, et dans le quotidien du boulevard Haussmann. Ce n'est plus "la communauté internationale contre l'Iran", qui a conduit de multiples négociations infructueuses, mais l'Amérique seule, ou plutôt "l'Amérique de Bush", celle des Républicains, contre l'Iran d'Ahmadinejad, celui des mollahs.
Adieu l'unité sacrée à l'ONU. L'Iran n'ayant pas optempéré aux menaces très effrayantes d'une organisation fatiguée, les Européens s'interrogent : comment persuader un état islamiste de renoncer à l'arme nucléaire ? Comment, concrètement, la France dhimmie pourrait-elle menacer un pays arabe, alors qu'elle a pris l'habitude de se vautrer au pied de ses nouveaux dirigeants ? Quel dilemme !
La fameuse union sacrée contre l'Iran a pris l'eau depuis longtemps. Le futur état musulman français a pris les devants, au nom de la célèbre "exception française". En août, Douste-Blazy a parlé d'un "Iran stabilisateur". En septembre, Chirac a tenté de saborder les négociations contraignantes. Récemment encore, la France a décidé d'envoyer un émissaire discuter avec Téhéran, alors même que des sanctions ont été votées à l'ONU.
Le 20 octobre dernier, je notais :
Puisqu'il a passé l'arme à gauche - dans les deux sens du termes - le [Figaro] doit soutenir Chirac qui lisse le turban des mollahs pour des motifs économiques. Que cet Iran puisse disposer de l'arme nucléaire, déstabiliser la région et menacer d'atomiser Israël, le Figaro s'en moque éperdument. Il y a moins de soixante-dix ans, la droite française avait déjà son idée sur le destin que méritaient les Juifs, et si les temps ont passé, les vieilles rengaines reviennent inévitablement.
Oyez bonnes gens, s'il est bien une qualité que personne ne peut nier chez la France, c'est la constance idéologique. Les observateurs néoconservateurs - dont Kissinger, qui dit depuis 1991 "qu'on ne peut plus compter sur la France" - attendaient un revirement radical de Chirac sur la question iranienne, et tout indique de que le Quai d'Orsay prépare l'opinion à refuser des frappes israélo-américaines.
Dans l'article du Figaro, un responsable que l'on ne nomme pas dément toute implication iranienne en Irak. La grossièreté d'une telle affirmation n'ébranle pas le reporter du Figaro. On n'en est plus là. Ahmadinejad a déclaré qu'"Israël devait disparaître". On en est plus là, vous dis-je ! Le Hezbollah dit la même chose, et la France l'absout.
A l'évidence, la machine eurabienne se met en place. Attendez-vous, dans les semaines à venir, à des commentaires élogieux sur Ahmadinejad le néo-nazi, des articles soutenant le régime des mollahs, des messages alarmistes sur la destabilisation de la région (parce que l'Iran stabilise la région, nous dit le Quai d'Orsay, si, si !) et sur les désavantages économiques de frappes alliées (la perspective de Tel-Aviv sous un champignon atomique n'empêchant pas la rédaction du Figaro de dormir), etc, etc...
La saison iranienne commence en France. Enlevez la prise de la télévision. Détournez les yeux des dépêches. Evitez cette nouvelle réalité honteuse : la France se prépare à faire allégeance à l'Iran.