Quelles générations sommes-nous ?
Quelles générations sommes-nous ? Quelles générations - parce que nous ne faisons pas tous partie de la même - sommes-nous pour pleurer après trois ans et demi de guerre et 3'000 soldats morts au combat pour établir un Etat libre en Irak ? L'ancienne génération, celle qui a vu des millions d'êtres humains se sacrifier pour notre liberté, savait encore tenir bon pour notre avenir. Comme l'écrivait aigrement Orianna Fallaci, il semble que l'esprit qui a conduit à sauver notre monde occidental soit mort à l'apogée de sa gloire.
Les nouvelles générations, celles qui ont hérité du monde libre, sont devenues des masses de peureux, de cauteleux, d'irresponsables, qui confondent liberté et libertinage, de personnes qui s'intéressent au futile plutôt qu'à l'essentiel et qui seraient prêtes à sacrifier leur liberté de vivre pour se réfugier dans leur jardin, à l'abri du monde.
Quelles générations sommes-nous pour avoir honte d'être libres, d'être cultivés, d'être intelligents et d'être riches ? Depuis quand la notion de succès est-elle devenue une tare ? Depuis quand devrions-nous oublier que les colonies ont fait entrer des régions entières dans la modernité, alors qu'elles se trouvaient dans un état lamentable ? Depuis quand devrions-nous accepter une équivalence entre les oeuvres de Raphaël et les oeuvres primitives de peuplades restées au stade du néolithique quand nous inventions le futur ? Depuis quand devrions-nous insulter la religion chrétienne, alors que le premier réformiste (celui qui demandait la réforme de l'Eglise sans appeler au schisme, contrairement aux protestants) de l'Eglise catholique a été Erasme, le père de l'humanisme, des droits de l'homme et du néoconservatisme ? Depuis quand devrions-nous cesser notre course au progrès pour des considérations écologiques avancées par des illuminés liberticides ? Depuis quand devrions-nous haïr la mondialisation, elle qui a changé notre vie en quelques années et permis à des millions d'êtres humains de vivre plus longtemps, de se nourrir (la famine a reculé de 18% sur la planète depuis 1970), d'apprendre et de voyager ?
J'ai vu des citoyens américains se jeter par la fenêtre de leur lieu de travail pour fuir les gaz de kérosène, j'ai vu des Israéliens pleurer leurs morts sur des tables de restaurant, un bus londonien éventré, des centaines de milliers d'islamistes nous promettre la mort lors des carricatures, appeler au supplice de mon pape.
Assez c'est assez. Ce qui se joue en Irak, c'est notre volonté de se défendre. Les terroristes et l'idéologie islamiste ne peuvent pas gagner militairement, mais ils peuvent gagner s'ils nous font renoncer.
On ne va tout de même pas attendre qu'ils fassent exploser le monument de Lincoln, qu'ils assassinent Benoît XVI et qu'ils empoisonnent les canalisations de Paris pour réagir !
La génération des baby-boomers est indigne d'avoir succédé à la génération de la Seconde Guerre mondiale.
"Nos enfants nous haïront" prédit Denis Jeambar dans son dernier livre. N'avons-nous donc aucun respect de nos aïeux, et si peu d'envie de vivre, pour dilapider ce qu'ils ont défendu si chèrement ?
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