Le point tournant de Ratisbonne

En Turquie Benoît XVI n'a fait que répéter son exposé de Ratisbonne! Certes il n'a pas cité Manuel Paléologue en plein coeur de sa capitale Constantinople, en sa qualité de chef d'État du Vatican il se devait d'user de diplomatie, mais le message est resté le même. Le lecteur peut se référer à l'excellent article intitulé "Benoît XVI n'a pas changé de cap!"
J'aimerai cependant revenir sur cet évènement qu'on pourrait appeler "le point tournant de Ratisbonne"
Pourrait-on dire que le Pape a réussi à démolir la thèse si chère aux relativistes pour qui toutes les religions et toutes les civilisations se valent? Essayons d'y voir plus clair:
Le Pape a soulevé un point important dans son exposé, celui du lien inextricable entre religion et civilisation. Le judaïsme et le christianisme se sont développés durant des périodes de grande fécondité intellectuelle, la "mondialisation" initiée par les conquêtes d'Alexandre le grand et concrétisée dans l'empire romain, a permis la diffusion et le brassage des idées d'un bout à l'autre de l'empire.
La bible dite des septante n'a-t-elle pas été traduite en grec à Alexandrie capitale intellectuelle du monde hellénistique? les traducteurs juifs n'ont-ils pas eu le souci de la rendre intelligible à des esprits habitués à la dialectique et à la logique?
Et l'universalisme chrétien n'a-t-il pas fait écho à l'universalisme politique romain? Et sans l'apport de la philosophie païenne, la théologie chrétienne aurait-elle pu s'édifier?
C'est à cela que le Pape a fait référence quand il a reconnu et fait l'apologie de la double appartenance du christianisme: le message évangélique et l'attachement à la raison. Autrement dit la Sagesse de Dieu reflétée dans la sagesse de ses créatures!
Allah dans l'islam est à ce point élevé au-dessus de l'humanité que ses prescriptions, n'ont pas à être examinées à l'aune de la sagesse humaine, elles demandent à être appliquées sans discussion, elles exigent "al islam", la soumission, ce qui veut dire en pratique l'interdiction de penser.
Alors que dans le judaïsme et le christianisme la foi ne peut contredire la science et la sagesse humaines, dans l'islam il n'y a de science et de sagesse qu'en Allah.
Alors que dans le judaïsme et le christianisme le patrimoine de la civilisation s'enrichit par la foi, dans l'islam ce patrimoine ne possède aucune valeur intrinsèque, seule compte la soumission à Allah et à ses décrets.
L'inévitable tension entre raison humaine et raison divine a trouvé un point d'équilibre (souvent changeant) permettant aux croyants juifs ou chrétiens d'intégrer en eux foi et raison. Dans l'islam cette tension est jugée comme un manquement à la foi.
Dans le christianisme les croyants jouissent d'une grande liberté et sont autonomes sur le plan intellectuel, dans l'islam, les croyants doivent toujours se référer aux textes ou à ceux qui les interprètent pour la conduite de leur vie.
Le christianisme et le judaïsme peuvent être considérés comme des systèmes religieux OUVERTS, le progrès et la modernité ne peuvent en aucune façon les menacer.
L'islam ne peut faire autrement que se sentir menacé par le
progrès et la modernité, c'est pourquoi toute ouverture même minime constitue pour lui une grave menace.

Christianisme et judaïsme se sentent à l'aise dans le mouvement continu de la civilisation. L'islam ne peut faire autrement que se perdre s'il se laisse prendre par ce mouvement.
C'est pourquoi l'islam est incompatible avec la civilisation, et c'est pourquoi il est tout aussi incompatible avec le christianisme et le judaïsme.
Benoît XVI reprend à son actif les paroles de George W. Bush : "La lutte contre la violence de l'islam radical n'est pas un conflit entre civilisations mais un combat pour la Civilisation".
Mahomet est le premier islamiste, il est responsable d'une erreur aux dimensions historiques, celle à laquelle Manuel Paléologue a fait référence: n'avoir rien apporté de tangible à la civilisation et avoir répandu sa religion par la violence. Cependant Manuel Paléologue aurait pu aller encore plus loin, il aurait pu reprocher à Mahomet d'avoir sacralisé la violence, de l'avoir élevé au rang d'un acte de foi, en ce faisant il a condamné l'islam à l'obligation de conquérir pour survivre.
L'islam c'est l'idéologie politique et religieuse de Mahomet, née du désert et sans rapport direct avec la civilisation, elle ne peut se placer dans son sillage sans se renier et finir par disparaître. L'islam doit conquérir la civilisation, la dénaturer voire la détruire si nécessaire afin de lever la menace morale qu'elle fait peser contre lui.
Car le combat est essentiellement moral, et cela le Pape l'a bien compris et l'a bien exposé, les musulmans fanatiques surpris de voir la civilisation chrétienne lancer à l'islam un tel défi ont réagi à leur manière habituelle. Comme d'habitude ils se sont montrés incapables de relever le défi moral, enragés que l'on ait dit la simple vérité au sujet de Mahomet, ils se sont découverts moralement nus et sont aussitôt passés à l'acte.
Et leurs "arguments" violents, comme si cela était nécessaire, n'ont fait que donner raison au Pape.
Et pour finir n'est-il pas étonnant et réconfortant de constater que le chef de l'Église catholique en vienne aux mêmes conclusions que le Président des États Unis qui, à l'occasion du cinquième anniversaire des attentats du 11 septembre a déclaré: "La lutte contre la violence de l'islam radical n'est pas un conflit entre civilisations mais un combat pour la Civilisation".
D'autres articles sur le même sujet : les chroniques d'Helios
Le pape de la liberté visitant Auschwitz, en mai 2006