Bye bye Baker
Le néoconservatisme , aussi méconnu que haï, est entré dans l'imaginaire de la gauche américaine comme dans celui des Européens. On lui attribue une multitude de concepts qui lui sont étrangers et on nie de nombreux autres qu'il a défendus, voire créés. Il a, en quelque sorte, fait passer certaines idées fortes de la gauche à la droite, achevant de décapiter l'idéologie progressiste, déjà bien faible. Comme le notait Irwin Stetzler (The Neocon Reader, Grove Press, 2005), "la gauche sait que le néoconservatisme est un courant de pensée solide et profond, donc difficile à combattre. C'est la raison pour laquelle elle le hait."
Aussi n'est-il pas étonnant que l'on nous annonce la mort du néoconservatisme depuis trois ans . Des néoconservateurs l'ont fait. Fukuyama, toujours aussi futuriste, est passé de "la fin de l'histoire" à la période "post néoconservatrice" en quelques ouvrages, prouvant par là que l'on peut être un intellectuel mondialement reconnu et passer à côté de l'Histoire en marche. De son côté, Murawiec a affirmé récemment que les néoconservateurs étaient partis de la Maison Blanche. La raison de ses prédictions : les hésitations de Bush lors de son second mandat.
Surtout, et c'est là que je veux en venir, tous deux ont annoncé le retour du réalisme. La nomination de Gates a été ressentie comme l'un des symptômes, bien que l'ex chef de la CIA ait été formé sous Reagan, comme l'a rappelé Guy Millière. Figure de proue des réalistes, Kissinger est rallié à Bush. Si ce n'est d'eux, d'où vient la vague tant annoncée ? La commission Baker, vous répondra-t-on. Vous avez lu des centaines et des centaines d'articles sur la question. Pour... rien, visiblement.
La commission Baker recommande la partition de l'Irak. La Maison Blanche, le Pentagone et le gouvernement irakien refusent : http://www.msnbc.msn.com/id/15946832/
La commission Baker recommande un retrait des troupes, Bush refuse, le Pentagone considère l'envoi de troupes... supplémentaires :
http://www.washingtontimes.com/national/20061130-123121-9493r.htm
La commission Baker recommande l'implication de la Syrie et de l'Iran dans la stabilité de l'Irak, le Washington Times écrit que Bush n'acceptera jamais. Le Financial Times confirme. http://www.washingtontimes.com/national/20061130-123121-9493r.htm
Au final, pas une des recommandations de la commission ne semble se frayer un chemin au Pentagone ou à la Maison Blanche. Dans un article à paraître le 11 décembre dans le Weekly Standard, Robert Kagan et William Kristol écrivent :
Le prestigieux National Review ajoute :
Il semble que le seul endroit où la commission Baker ait de l'influence ce soit... dans les médias.
D'autres articles sur le même sujet : Bush 2007-2008