Les penseurs du 10 septembre...
Je suis devenu un lecteur attéré du Figaro. Je le lisais depuis toujours, surtout grâce aux écrits d'Ivan Rioufol, la meilleure plume de l'Hexagone, et de la modération de certains autres. Si Rioufol honore sa profession, ses collègues ont oublié la valeur première de leur métier : la recherche de la vérité.
Depuis mi-2006, les choses se sont gâtées. Le journal est gravement atteint de ce que l'on appelle communément "le syndrôme français", ou cette obsession anti-israélienne et anti-américaine, fruits de l'arabisation absurde et suicidaire de la politique étrangère française.
Depuis l'Intifada de 2000 et, surtout, depuis la guerre du Liban, la chute accélérée de la France a rendu la rédaction du Figaro aigrie. Vexée dans son orgueil, elle tire à boulets rouges dans toutes les directions. Un compagnon de combat, David Martin, a écrit "Ci git le Figaro" : http://www.ublog.com/davereflexions/2006/10/11 et a démontré comment le quotidien qui se dit héritier de Voltaire l'est plutôt de Robespierre, comme en témoigne son soutien à Saddam Hussein : http://www.ublog.com/davereflexions/2006/10/20
Le deuxième quotidien de France continue à faillir à ses devoir aujourd'hui : une commission américaine, menée par l'ancien secrétaire d'Etat James Baker, a proposé à la Maison Blanche de négocier avec les voisins de l'Irak pour assurer la stabilité du pays. Pour le Figaro, le seul fait que Baker soit à tête de cette commission lui attribue derechef une place parmi la sainte Trinité.
La commission propose de négocier avec l'Iran et la Syrie. Personne, dans la rédaction du Figaro, ni dans les colonnes, ni dans l'éditorial, ne relève ce fait, élémentaire encore une fois : peut-on sérieusement négocier avec un pays comme l'Iran exigeant le nucléaire ? N'est-il pas logique d'imaginer que l'Iran exigera le nucléaire contre d'hypothétiques garanties de stabilité en Irak ? Et la question corrolaire : peut-on décemment donner le nucléaire à un pays dont le dirigeant a répété, aujourd'hui, qu'"Israël est voué à disparaître" ?
Toutes ces questions sont posées sur CNN, dans le Washington Times, dans le Washington Post et même dans le New York Times. Dans la démocratie pluraliste des Etats-Unis, les Démocrates ne peuvent approuver la proposition de Baker sans être pris à parti par leurs opposants. Nul équivalent dans le Figaro. Un philosophe, qui a écrit dans le journal, est aujourd'hui menacé de mort. Personne, au sein des journalistes, ne semble avoir réalisé que l'islam radical les a pris pour cible. Ou peut-être qu'ils l'ont réalisé, et ont décidé de baisser la tête. Où est passé Jean Moulin ?
Puisqu'il a passé l'arme à gauche - dans les deux sens du termes - le journal doit soutenir Chirac qui lisse le turban des mollahs pour des motifs économiques. Que cet Iran puisse disposer de l'arme nucléaire, déstabiliser la région et menacer d'atomiser Israël, le Figaro s'en moque éperdument. Il y a moins de soixante-dix ans, la droite française avait déjà son idée sur le destin que méritaient les Juifs, et si les temps ont passé, les vieilles rengaines reviennent inévitablement.
Ainsi, fruits de ce cheminement intellectuel déshonorant, on peut lire aujourd'hui les "analyses" du Figaro : http://www.lefigaro.fr/international/20061020.FIG000000141_bush_craint_l_effet_irak_sur_ses_legislatives.html
Un éditorial nous apprend que Bush va retirer les troupes d'Irak. Dans une interview diffusée avant-hier, le Président Bush disait pourtant qu'il ne comptait pas du tout se retirer d'Irak, mais le Figaro nous affirme que si, envers et contre tout : "Irak : un retrait très politique" titre l'éditorial. Dans un texte suitant l'auto-suffisance d'un commentateur qui ne saisit pas ce qui est en train de se dérouler en dehors d'Île-de-France, on retrouve un pot-pourri de tout ce qui a conduit la France au désastre : orgueil, leçons, irresponsabilité, manque de vision planétaire, jalousie... Le gouvernement français rêve au retour du statu-quo, où il pourrait continuer à engraisser les dictateurs du Moyen Orient, reprendre à son compte l'antisémitisme hitlérien du monde arabe et rêver de "grandeur de la France". Ce pays lamentable s'assume de plus en plus comme la honteuse République de Vichy bâtie naguère. Puisse un jour l'Histoire traîner les rédacteurs du Figaro devant les fours crématoires qu'ils auront contribués à créer.
La commission Baker ne sera pas approuvée. On le sait à Washington. Elle peut servir de moteur à des réformes dans l'Irak même, mais jamais les Etats-Unis n'approuveront une politique qui offrirait des ADM à l'Iran et placerait le monde libre en danger de mort.
Mais cela, vous ne le lirez pas dans le Figaro. Sans liberté de blâmer, il n'est point de plumes libres.
http://drzz.over-blog.org/article-4164273.html
http://drzz.over-blog.org/article-4074568.html