Georges Frêche, ou le début de l'autocensure
Ces jours-ci, un débat en dit long sur l'état intellectuel de la France. Le socialiste George Frêche a exprimé sa désapprobation sur la formation actuelle de l'équipe de France, arguant que celle-ci n'était pas représentative puisque majoritairement "composée de Blacks". Devançant les critiques, il a ajouté "c'est parce que les Blancs sont nuls". Tollé général, scandale national.
On peut, et c'est mon cas, désapprouver Frêche et se dire partisan de la méritocratie. Une place dans l'Equipe de France se gagne, quelle que soit la couleur de celui qui aspirent au maillot bleu. Les femmes du monde politique peuvent en témoigner, les quotas "représentatifs" sont la porte ouverte aux critiques mesquines et aux nominations forcées, plutôt qu'au talent et au travail. Partisan de la liberté individuelle, je soutiens fermement que l'Equipe de France que j'ai vue la semaine dernière est en tous points remarquable, et joue un football talentueux. Que demander de plus ?
On peut., et c'est aussi mon cas, trouver la réflexion de Frêche très limite, mais saluer le fait qu'il exprime tout haut ce que beaucoup de Français pensent tout bas. S'il peut crever l'abcès et ouvrir le débat, ce saut d'humeur aura eu son utilité. Mieux vaut parler ouvertement d'un sujet qui interpelle les masses plutôt que de le laisser au seul parti qui ne craint pas d'être qualifié de raciste puisqu'il l'est. On peut, et c'est encore mon cas, déceler chez Frêche une certaine nostalgie pour une période de la France qui n'existe plus. De là à lancer une cabale dans tout l'Hexagone...
Dans la France contemporaine, non seulement Frêche n'a pas le droit de livrer son opinion - qui n'est pas raciste pour quiconque connaît le sens exact de ce mot, il n'a pas diffamé -, mais en plus une majorité de Français exigent qu'il s'en aille ! Démettre quelqu'un de ses fonctions, pour si peu ? Connaît-on encore le sens de la liberté d'expression en France, ou sauve-t-on un modèle d'intégration à la dérive en barricadant le débat national ? Sait-on encore distinguer la diffamation de l'avis personnel ? En quoi regretter un quelconque manque de représentativité pourrait être assimilé à du racisme ? A-t-il regretté que des Noirs soient membres de l'Equipe de France ? Pas à ce que je sache. D'ailleurs, si en France le sujet est tabou, dans le reste de l'Europe l'EDF est surnommée "l'équipe du Zimbabwe". Je trouve l'avis de Frêche inutile et archaïque, mais je me battrai pour qu'il ait le droit de le donner. Voltaire aurait été d'accord. Pas ses héritiers.
On pourra toujours gloser sur le traitement médiatique longtemps accordé à Dieudonné - il a fallu près d'une année pour qu'on commence à se distancer de lui dans les médias - ou à Thuram, invité sur la chaîne de télévision du Hezbollah. Ces scandales tardifs ou étouffés montrent bien que l'antiracisme français pêche exactement par racisme : si vous êtes Blanc, et que vous émettez votre avis - aussi pauvre soit-il - sur l'Equipe de France, vous avez plus de chances de finir à la trappe que si vous êtes Beur et que vous lancez "Heil Hitler" en mimant un rabbin sur une chaîne nationale à une heure de grande écoute, ou si vous êtes un joueur de cette Equipe de France, et que vous passez sur l'une des chaînes les plus antisémites du monde.
Débat inutile pour une réflexion inutile. Mais en France, vous n'avez plus le droit d'évoquer les attentats du FLN pendant la guerre d'Algérie, l'apport français au Maghreb grâce à la colonisation ou les problèmes de l'immigration et de l'islam. Ces sujets importants ayant été interdits avec succès, la police de la pensée se penche maintenant sur les discussions de café du commerce.
Méfiez-vous, vous recevrez bientôt chez vous, par courrier, le guide national de la pensée unique (GNPU). Bienvenue à l'autocensure.