Le géant veut dormir
Le peuple est naïf et inconséquent. Les gouvernements qu'il élit sont là pour en témoigner. Il a fallu attendre Pearl Harbor et des milliers de morts pour que l'Amérique décide de s'investir dans la deuxième guerre mondiale. De leur côté, les Européens s'étaient endormis et se sont faits réveiller par le bruit des bottes sur les Champs-Elysées. Plus tard, en 1962, Kennedy risqua de plonger son pays dans la guerre nucléaire lorsque les Russes, profitant des reculades américaines, avaient décidé d'armer Cuba de missiles intercontinentaux. Une année plus tard, et malgré l'ampleur du danger, Kennedy était sur la voie de la réelection.
Les élections de mardi aux Etats-Unis sont symptomatiques. Cinq ans après le 11 septembre, le peuple américain croit toujours avoir le choix d'être en guerre ou non. Bien que 3'000 de ses compatriotes se soient faits carboniser en temps de paix, il veut y croire. Il veut également croire, absolument, que la victoire démocrate ne le mettra pas en danger, alors que l'islam radical a déclaré Bush ennemi no 1. Les Israéliens ont longtemps cru, eux aussi, aux traités de paix illusoires, et ont fini par le payer. Hier, lorsque Bush a nommé Robert Gates à la tête du Département de la Défense, c'est la période Clinton qu'il a fait revenir dans l'armée. J'aimerais croire que Gates a changé, mais si ce n'est pas le cas, il faudra s'attendre à un Département de la Défense mou et irresponsable.
La frange européenne des Américains a gagné. Pendant deux ans, il risque de ne plus rien se passer. Satisfaits de leur propre apathie, les Européens sont heureux jusqu'à l'hystérie par les nouvelles du jour. Ils perçoivent cette victoire démocrate comme la confirmation de leurs rêves : adieu islam radical, carricatures, Redeker, Iran... C'est le bon-heur. La félicité totale à coucouville-les-nuées. Le Figaro de ce matin le montre très clairement : il n'est plus question de bombarder l'Iran ni d'exiger qu'il renonce au nucléaire. Il faudra faire avec, selon l'éditorialiste. A plus grande échelle, les chancelleries de l'UE sont unanimes : il faudra vivre avec le Moyen Orient dictatorial, jouant avec le nucléaire et disséminant l'islam radical dans toutes les couches de la société européenne. Faire ami-ami avec le totalitarisme. Se soummettre s'il hausse la voix, lui livrer ceux qu'il réclame. Vous savez, cette attitude si courageuse qui nous a fait participer à la Shoah...
Je n'ai pas de soucis à long terme pour les Américains. Les Démocrates sont des idiots, il lèveront les impôts et subiront un matraquage en rège de la presse conservatrice. Leurs deux ans à venir seront un vrai chemin de croix, qui s'achèvera pas un triomphe républicain. Ce qui m'inquiète réellement c'est Israël, livré à lui-même, et l'Europe, qui niera jusqu'au bout le poison qui germe en son sein et qui est en train de la tuer.
2 ans, politiquement, c'est court. Mais dans une guerre, le temps est un luxe que personne ne peut gaspiller.