Réveil
Le Figaro a sorti un fantastique hors-série consacré au film de Mel Gibson, Apocalypto («rédemption» en espagnol), dont j’ai récemment fait la critique.
Contrairement à ce qui a été dit ça et là, la rigueur historique du long-métrage est avérée. Consultant sur le tournage, Richard D. Hansen, archéologue spécialiste des Mayas, a apporté sa connaissance au scénario du film. Ainsi, les charniers présentés par Gibson ont un écho dans l’histoire. Près de 20'000 personnes ont été sacrifiées en quatre jours lors d’une cérémonie, avec les cadavres s’amoncelant au pied des pyramides. Le chercheur Dominique Michelet, directeur du laboratoire Archéologie des Amériques au CNRS, apporte sa caution à la vision de Mel Gibson dans ce hors-série d’exception qui confirme l’évènement que représente Apocalypto en cette rentrée 2007.
Surtout, dans un extraordinaire éditorial, Michel de Jaeghere écrit : «L’un des mérites d’Apocalypto est de réduire [le mythe amérindien] en cendres ; de rendre dérisoires ces indignations bien-pensantes en montrant, dans une succession de scènes insoutenables, la réalité d’un culte qui tenait le sacrifice humain pour «la première source de régénération des forces de l’univers», l’inhumanité d’une société fondée sur le mépris absolu de la vie innocente. Le lui pardonnera-t-on ? Notre époque a ceci de particulier que le passé de l’Occident semble mériter seul d’être inlassablement mis en accusation […].
Nourri par les travaux les plus récents des historiens, le film de Mel Gibson nous rappelle que les victimes se comptaient par milliers ; que leur corps s’entassaient, dans la forêt vierge, en d’immenses charniers qui préfiguraient le spectacle qu’a donné, depuis, la barbarie contemporaine. Le sang, sur leurs autels, n’aura guère cessé de couler, pendant des siècles, et si Plus encore qu’un appel à la réflexion sur la cruauté de leur civilisation, Apocalypto est cependant une méditation sur la condition humaine. Dans l’histoire des Mayas, réduite à épure par notre identification au héros, captif, déporté, puis victime, presque nu, dans la jungle, d’une épuisante chasse à l’homme, le cinéaste a vu la figure de l’interminable passion d’une humanité réduite à l’esclavage, soumise à la violence, par le règne du mal. Entrevu que sa rédemption passait par l’oubli de soi, le refus de la peur, le retour aux vertus naturelles qui donnent seules à la vie un sens.» Du courage de Mel Gibson nous est venu ce premier miracle :