2001-2006 : bilan

Publié le par drzz

Par Guy Millière, Metula News Agency, 10 septembre 2006 (www.menapress.com)

La liberté se défend...

 

 

 

 

 

Cinq années se sont écoulées depuis les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis ; un an de plus depuis le déclenchement de l’Intifada Al-Aqsa par Yasser Arafat. Ces tristes anniversaires représentent une opportunité de regarder en arrière et de mettre les choses en perspective.

1. Ils sont plus nombreux aujourd’hui qu’hier, ceux qui discernent que nous sommes engagés dans une guerre mondiale déclarée à la civilisation par les tenants de l’islam djihadiste, mais la prise de conscience de sa portée mondiale ne s’est pas encore faite à une vaste échelle.  Et surtout, une majorité de ceux que ce dogme menace, pourtant de manière très directe, ne perçoit pas que derrière cette guerre il y a une doctrine multiforme de type totalitaire.

2. Depuis ces événements, la civilisation se trouve placée sur la défensive et ne possède plus l’initiative. Symétriquement, le dogme totalitaire gagne du terrain et ses adeptes se sentent encouragés.

3. Cela signifie que la plupart des pays occidentaux risquent d’être confrontés à de nouveaux attentats, plus meurtriers encore que ceux qu’il n’a pas été possible de déjouer. Et l’inquiétude à ce propos est bien sûr particulièrement vive en Israël.

4.  Ce pessimisme à court terme peut néanmoins aller de pair avec un optimisme modéré pour le moyen terme, quand bien même cet optimisme ne peut être généralisé à l’ensemble de la planète, impliquant une approche différenciée.

a- Il semble de plus en plus évident que l’Europe glisse lentement vers un naufrage difficilement réversible. Ses populations vieillissent, la proportion de musulmans en leur sein s’accroît, et avec elle, la proportion d’adeptes de l’islam djihadiste. Les systèmes d’Etat-providence se sclérosent, leurs économies stagnent, et la plupart ne parviennent pas à suivre le train imposé par la concurrence résultant de la globalisation accélérée. De plus, aucun pays européen ne dispose d’une défense crédible. L’utopie européenne joue son rôle d’anesthésiant et fait rêver d’un monde où il n’y aurait pas de mal absolu et où nul ennemi ne serait assez abominable pour qu’on n’envisage pas de pactiser avec lui.

 Des attentats auront encore lieu en Europe : on leur répondra par des opérations de police. On y dénoncera de moins en moins les dangers de l’islam djihadiste, et on y pratiquera toujours davantage une politique d’apaisement. Il est à craindre que les pays européens comprendront de moins en moins les Etats-Unis et auront une aversion croissante à l’égard d’Israël.

 Qu’on ressente, cinq ans après le 11 septembre, autant d’antiaméricanisme en Europe, est en soi un symptôme. Un vieux proverbe chinois dit « quand on lui montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ». On pourrait dire aujourd’hui : quand on lui montre la montée d’une haine apocalyptique, l’Européen a, majoritairement, une propension à regarder avec détestation celui qui la lui montre et qui ose dire qu’il ne faut pas y succomber.

 Que six ans après le déclenchement de l’Intifada Al-Aqsa, après des centaines d’heures d’incitation au meurtre et au génocide sur la quasi totalité des chaînes de télévision du Proche-Orient, on en soit encore à considérer en Europe qu’Israël est le pays belliciste et dangereux, laisse penser qu’il est peut-être trop tard.

b- Toutes ces remarques ne s’appliquent pas aux Etats-Unis. Le vieillissement qui touche l’Europe ne les atteint pas. Les populations musulmanes installées outre-Atlantique sont mieux intégrées, dans une société plus cosmopolite que les sociétés européennes, et le djihadisme y pénètre beaucoup plus difficilement. L’économie est dynamique, compétitive et innovante ; la puissance militaire est forte. On y parle encore de bien et de mal, de démocratie et de totalitarisme. Certes, les partisans de l’apaisement et du défaitisme sont nombreux, tenant une partie importante des media et du parti Démocrate. Mais, à la différence de l’Europe, ils sont loin d’être hégémoniques. L’idée que nous nous trouvons dans une logique de guerre mondiale continue à s’y faire entendre, et, si des signes de lassitude par rapport aux opérations en Irak sont perceptibles, tout laisse à penser qu’un nouvel attentat (hypothèse, hélas, envisageable) provoquerait un sursaut de détermination. Les Démocrates sont loin d’avoir partie gagnée pour les élections de novembre 2006 et, a fortiori, pour la présidentielle en 2008.

 La perception d’Israël comme une démocratie entourée de barbares totalitaires reste vive et majoritaire, malgré des reportages télévisés parfois aussi biaisés qu’en Europe. Les Etats-Unis changent, davantage tournés vers le reste de la planète, vivant à l’heure de la globalisation. La haine et l’envie envers l’Amérique n’ont jamais été aussi intenses en de nombreux endroits du monde : c’est le contrecoup de la puissance. Cela implique la nécessité d’être vigilant, mais ne change rien au pouvoir. Bien que la tentation du repli existe aux Etats-Unis, la violence vient sans cesse rappeler que celui-ci est impossible.

c- Israël s’inscrit dans une position particulière, et c’est sans doute pourquoi on en parle tant. C’est un petit pays, mais son importance stratégique et symbolique est immense. C’est une démocratie exemplaire au cœur même de la barbarie totalitaire. Un pays développé au milieu de la pire zone de sous-développement économique, politique et culturel de la planète. C’est un allié des Etats-Unis au cœur du brasier de la pire hostilité antiaméricaine. Si les pays environnant Israël choisissaient la voie de la réussite et de l’entreprise plutôt que de céder au djihadisme, Israël serait pour eux un fabuleux atout et une chance extraordinaire d’accéder à la prospérité : et il n’y aurait, en ce cas, ni Hezbollah, ni Hamas, ni Ahmadinejad. Et Gaza pourrait devenir (pourquoi pas ?) aussi prospère que Hong-Kong, où la densité au kilomètre carré y est encore supérieure. Les pays de la région, malheureusement, ne suivent pas la voie de la réussite et de la libre entreprise, mais la voie inverse, celle de l’échec, de la mort et de la destruction. Et malgré les milliards déversés, Gaza reste un champ de ruines, comme le Sud Liban.

 Pouvant compter sur les Etats-Unis, Israël dispose des ressources militaires lui permettant de survivre et de maintenir à distance les barbares totalitaires jusqu’au moment où les Américains seront décidés à les écraser ; et ce moment viendra : un attentat, même déjoué, en constituera vraisemblablement l’étincelle. George W. Bush ne quittera pas la Maison Blanche en laissant une victoire à l’ennemi. Il entre dans la phase où les présidents se demandent quelle place ils auront dans l’histoire, et Bush sait laquelle il compte y occuper. Avec le concours de Bush, Israël se donnera les moyens de maintenir les barbares à distance ; la volonté d’une immense majorité de la population de l’Etat hébreu de voir surmontées les erreurs du passé proche, est manifeste.

J’achève ce tour d’horizon en soulignant que l’Asie abrite près de la moitié des êtres humains de la planète, et que si la Corée du Nord s’y conduit plus que jamais comme un Etat voyou, allié des djihadistes, si le gouvernement chinois fait son possible pour affaiblir et diviser l’Occident, utilisant le djihadisme à cette fin, si la Russie poutinienne  se comporte de facto comme une alliée du gouvernement chinois et du djihadisme dès lors que celui-ci attaque l’Occident, en revanche, l’Inde, le Japon et quelques autres pays de moindre importance sont soit confrontés eux-mêmes au djihadisme, soit conscients du danger planétaire, ce qui constitue un ensemble d’atouts assurément non négligeables. J’ajouterai que si, en Amérique latine, Hugo Chavez est un personnage inquiétant, allié des djihadistes, la victoire de Calderon aux élections mexicaines et le comportement modéré de Lula au Brésil, montrent qu’au Sud des Etats-Unis, le risque d’un retour aux dictatures et à l’instabilité ressentimentale se trouve en bonne partie conjuré.

L’Europe a franchi quelques pas supplémentaires sur la pente du déclin, et n’a fait que nourrir les anticipations les plus grises, voire les plus noires, qu’on pouvait concevoir la concernant. Les Etats-Unis sont striés de doutes, mais gardent leur potentiel intact, tout comme Israël. Les forces de déstabilisation, en Asie et en Amérique latine, sont sous surveillance et contenues.

L’idée que nous sommes confrontés, à notre corps défendant, à une guerre mondiale reste très insuffisamment perçue. Cette prise de conscience fait néanmoins son chemin, surtout le fait qu’il n’existe, sous divers visages, qu’un seul grand danger djihadiste protéiforme. De nouveaux attentats sont possibles, voire probables, la guerre ne fait que commencer.

La victoire ira à ceux qui auront non seulement la force des armes et la capacité d’initiative que donne la démocratie lorsqu’elle est debout, mais à ceux qui se donneront aussi pleinement les moyens de comprendre qu’on ne peut pactiser avec les totalitaires à ambition hégémoniste, qu’il est inutile de négocier avec eux, et de faire preuve de retenue à l’égard de gens qui ne pensent qu’à tuer les autres, si possible de façon atroce.

Un film a été réalisé aux Etats-Unis pour Honestreporting, une organisation consacrée à la lutte contre les falsifications de l’information. Il s’intitule « Obsession » (visible sur Google vidéo en version française sous-titrée). Ce n'est pas un film islamophobe : les auteurs prennent soin de dire d’emblée que la grande majorité des musulmans ne sont pas djihadistes, mais ils dénoncent le djihadisme en donnant à entendre le discours des djihadistes eux-mêmes et en montrant leurs actes. Je défie quiconque a vu Obsession de continuer de nier la gravité  du danger ; de dissocier les attaques contre Israël du reste du djihadisme planétaire ; de penser encore qu’il faut faire preuve de retenue face aux djihadistes.

 Obsession n’est pas passé à la télévision américaine, mais il est projeté largement dans de nombreuses salles de cinéma, de Los Angeles à New York, en passant par Miami. Ici, aucune projection de ce film n’est en cours. Décidément, on peut se demander s’il y a encore quelque chose à sauver en Europe.

 

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D
Si l'Amérique était restée en dehors du conflit, Churchill aurait dû tenir ce discours en allemand... et toi aussi.
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N
De 1917 à nos jours, les Américains sont toujours aussi catastrophiques et cyniques quand ils se mêlent d'affaires étrangères à leur sanctuaire nationale où ils auraient mieux sans doute mieux fait de cultiver leur splendide isolement. Voici ce que disait Churchill à leur propos en 1936 dans une interview accordée au New York Enquirer à propos des désastres causés par l'intervention américaine dans le conflit européen et la pseudo-paix de Versailles:<br /> "America should have minded her own business and stayed out of the World War. If you hadn't entered the war the Allies would have made peace with Germany in the spring of 1917. Had we made peace then there would have been no collapse in Russia followed by Communism, no breakdown in Italy followed by Fascism, and Germany would not have signed the Versailles Treaty, which has enthroned Nazism in Germany. If America had stayed out of the war, all of these 'isms' wouldn't today be sweeping the continent and breaking down parliamentary government, and if England had made peace early in 1917, it would have saved over one million British, French, American and other lives." La suite et les références ici:http://www.greatwar.nl/frames/default-churchill.html
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L
Merci pour les liens. Je viens de lire le premier de ces articles, fort intéressant. Je lirai les autres plus tard.<br /> "Continue le bon travail", comme ils disent, là-bas!
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D
David, si je peux te conseiller quelques articles plus "anciens" (mi-août) et qui pourraient t'intéresser particulièrement, histoire de sortir de la médiocratie française. N'hésite pas à les reprendre et à les diffuser, tout en citant l'origine, soit l'adresse de mon blog : <br /> http://drzz.over-blog.org/article-3539714.html<br /> http://drzz.over-blog.org/article-3718693.html<br /> http://drzz.over-blog.org/article-3604685.html<br /> http://drzz.over-blog.org/article-3520958.html<br /> Amicalement
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D
Cher David,<br /> Merci de ton message. Je partage ton dégoût, effectivement la France ne s'est jamais sortie de son penchant obscurantiste. L'antiaméricanisme et l'antisémitisme explosent en Europe, et plus le conflit paraît clair entre l'Islam radical et les valeurs occidentales, plus l'Europe fuit devant ses responsabilités. C'est très inquiétant.  
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