Les mensonges du SSCI
Ce nom ne vous dit probablement rien. Fondé en 1976, le Senate Select Committee on Intelligence (SSCI) est un groupe de sénateurs, moitié républicains, moitié démocrates, qui travaille sur la valeur des service de renseignements américains. Il est à l’origine de nombreux rapports et – c’est là où je veux en venir – du plus récent qui affirme que l’Irak de Saddam Hussein n’avait pas de lien avec Al-Quaeda. Nous répèterons ici les lacunes évidentes dudit rapport, déjà mentionnées dans un autre article (conclusions fondées, de l’aveu même du SSCI, sur moins de 30% des données exploitables, mise à l’écart du témoignage du général Brooks sur le camp de Salman Pak, conclusions fondées sur l’interrogatoire de… Saddam Hussein !)…
Nous noterons seulement que lors de son interrogatoire, reproduit dans le rapport, le vice-président irakien Tarek Aziz a témoigné qu’ «après avoir vu les attentats [pendant la fin des années 90], Saddam Hussein a vu dans Al-Quaeda une organisation efficace.» Le rapport SSCI conclut néanmoins que des liens entre le régime et la nébuleuse islamiste n’ont pas existé. Comment expliquer cette évidente mauvaise foi ?
La réponse se trouve dans le livre de Sean Hannity, commentateur politique conservateur, dont l’émission de débat (Hannity & Colmes, Fox News) est la no 1 sur le câble aux Etats-Unis. Dans son best-seller «Deliver Us from Evil» (2004), Hannity raconte un épisode phare de son émission. Le 4 novembre 2003, il a obtenu une copie d’un rapport d’un stratège démocrate affilié au SSCI. Divisé en 3 points, le document détaillait la stratégie du parti démocrate pour contrôler le SSCI et les rapports qui en émanent :
1 – Pousser la majorité [les Républicains] autant que nous pouvons sur des sujets qui peuvent révéler une conduite malhonnête ou des erreurs de l’Administration [Bush].
2- Préparer avec assiduité et inclure des conclusions propres au Parti démocrate à chaque rapport final ou rapport partiel publié par le SSCI.
3- Se préparer à exiger une enquête indépendante lorsqu’il est clair que nous ne pouvons plus compter sur la coopération de la majorité [républicaine]
A) Nous avons à inclure nos propres vues aux rapports partiels – ce qui nous permet de défendre notre position face au public de trois manières différentes 1) remarques additionnelles dans le rapport partiel 2) exigence d’une commission indépendante 3) nos vues inclues dans rapport final
B) Une fois que nous aurons identifié des sujets que la majorité ne veut pas développer, nous attirerons d’avantage de couverture médiatique et aurons plus de crédibilité que si nous réclamons une enquête indépendante fondée sur des notions aussi vagues que «l’utilisation» de renseignements [notez l’ironie de ces derniers termes]. (Sean Hannity, Deliver Us From Evil, New York, Regan Books, 2004, pp. 220-222) Commentaire de Hannity : «[Ce document] montre le peu d’intérêt qu’accordent les Démocrates au travail originel du SSCI. Plutôt que d’enquêter sur les sujets avec objectivité, le document montre clairement qu’ils comptent utiliser leurs « remarques additionnelles» pour discréditer tout rapport, partiel ou final, et attaquer les Républicains. Quelles que soient les découvertes du SSCI, les Démocrates n’ont qu’un seul objectif : faire du tort à l’administration Bush.» (Sean Hannity, Deliver Us From Evil, p. 224) Suite à la découverte de ce document, le SSCI a publié un communiqué, mais le chef de file des Démocrates du comité, Jay Rockfeller, a toujours refusé de venir sur le plateau de l’émission de Sean Hannity pour s’expliquer. Les Démocrates ont même tenté de lancer une enquête pour savoir comment des Républicains avaient pu avoir accès à leur matériel politique. Le chef de file des Républicains, le sénateur Pat Roberts, s’est indigné et a qualifié le document démocrate de «plan d’attaque» contre les Républicains. Le sénateur Zell Miller, de Géorgie, s’est exclamé : «c’est le début d’une trahison». Miller s’est d’ailleurs distancé de son parti et a soutenu Bush pendant l’année suivante, pour les présidentielles. (Sean Hannity, Deliver Us From Evil, p. 226-227). D’autres rapports ont suivi celui niant les liens évidents entre Saddam et Al-Quaeda. Comme par magie, à quelques semaines des législatives, afin d’enfoncer le clou...