Parole aux sages : Jean-Louis Caccomo

Publié le par drzz

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Jean-Louis Caccomo : Docteur en sciences économiques de l'université d'Aix-Marseille II. Maître de conférences à l'université de Perpignan. Expert international impliqué dans de nombreux programmes de coopération (Maroc, Algérie, Ukraine, Thaïlande, Mexique, Syrie, Comores, Chine, Canada).

Comprendre l'économie

Il est difficile de soutenir, sans aucune forme de discussion, que l’économie de marché répartit mal les richesses. Montrez moi dans l'histoire ou sur la planète un lieu, une communauté humaine dans laquelle les inégalités auraient disparu. Seule l'économie de marché a apporté au plus grand nombre une espérance nouvelle. Il est donc plus juste de dire que l'économie de marché répartit les richesses selon des principes économiques rationnels et non plus selon des principes politiques arbitraires. Si l'on arrête le film économique pour avoir une image statique de la réalité, on observera en effet de grandes inégalités de revenu. Mais ces inégalités, si elles sanctionnent des différences de performances, de productivité et de talent, permettent en dynamique une élévation générale et continue du niveau de vie de la population. A vouloir redistribuer et réduire aveuglément les écarts de revenu, prenons garde de ne pas casser le film économique...

 On peut convenir que ces principes économiques ne doivent pas être le seul ciment social ; et les économistes sérieux n’ont jamais prétendu le contraire car l’économie est avant tout affaire de comportements humains et de repères éthiques ; et il ne serait y avoir de choix sans l’existence de valeurs humaines fondamentales. Le marché est tout autant un fait social qu'une réalité économique. L'entreprise est tout autant une organisation d'homme, une aventure humaine qu'une unité de production. De toutes les façons, et fort heureusement, le lien social ne se décrète pas dans les ministères – de même que la culture ne se joue pas dans les maisons de la culture - et ne se construit pas dans les textes administratifs.

Mais il est tout aussi illusoire et périlleux de nier purement et simplement la réalité et l’action des principes économiques. Il ne peut y avoir de progrès social sans une assise économique solide ; et c’est l’économie de marché qui fournit partout et toujours cette assise. Autant l’admettre le plus rapidement possible si l’on veut éviter de plus grands problèmes. Les pays qui sont parvenus aujourd'hui aux limites du socialisme sont désormais les premiers à le reconnaître [1].

 Une partie de la population demeure exclue de la production et la distribution des richesses. L’Etat a sans doute le devoir d’exprimer la solidarité nécessaire envers les plus démunis. Mais d’une part, il n’y a aucune raison d’attribuer à l’Etat le monopole de la solidarité ; d’autre part, cette solidarité officielle ne doit pas instituer des mécanismes qui pérennisent l’exclusion et entravent le développement du marché. Il n’est pas du tout évident que l’Etat doive avoir le monopole de la solidarité sociale car c’est une manière pour les individus de se débarrasser de leur responsabilité en cette matière et de faire jouer à fond, et dans le même temps, leur égoïsme et leur bonne conscience.

Enfin, s’il reste évident que les richesses sont très mal réparties en France, force est de constater que ce pays n’est certainement pas un laboratoire du libéralisme.

 Jean-Louis Caccomo,

Perpignan, le 1er août 2006

 

[1] Je reviens d'une mission d'expertise en Algérie où j'ai pu observer cette demande (et cette soif) de libéralisation de la part des acteurs économiques mais aussi des décideurs publics qui souffrent de l'absence d'un secteur privé. Ils ont pu expérimenter sur le terrain cette vérité première: même l'Etat n'a pas intérêt à étouffer le secteur privé. De sorte qu'en l'absence d'une base productive solide et fiable, le fait de disposer d'abondantes liquidités liées à l'embellie pétrolière (car ce que les pays consommateurs appellent "crise pétrolière", les pays producteurs le nomment "embellie") constitue même un problème. A défaut de pouvoir les injecter dans l'économie, ces liquidités sont oisives. Et pour peu qu'elles soient purement distribuées en revenu, elles seront source d'inflation.

 

Jean-Louis Caccomo

http://caccomo.blogspot.com/

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