Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté

S'il y a un souhait qui peut réunir tous les gens même ceux qui diffèrent d'opinion entre eux, c'est bien celui de voir la paix s'établir partout où les conflits règnent. Ce souhait une fois exprimé les désaccords ne tardent pas à refaire surface sur la façon d'assurer la paix. Dans ce débat qui oppose les "colombes" aux "faucons" ce sont ces derniers qui subissent les attaques les plus virulentes, paradoxe qui tient au fait que les "colombes" ne croient pas à l'existence du danger que les faucons ont bien identifié et contre lequel ils s'entendent pour lutter. Voyons un peu si nous sommes capables d'y voir plus clair.
Au départ il y a malentendu sur le sens du mot paix. La majorité des gens la conçoivent comme une période très longue d'absence de conflit armé où la stabilité et la concorde prédominent, plusieurs en viennent même à penser qu'il suffirait de le vouloir pour que la paix soit éternelle! Cette vision est profondément inscrite dans la psyché collective, elle n'est pas étrangère aux souffrances endurées durant les deux guerres mondiales.
Le concept d'une paix durable basée sur la justice et sur la volonté de régler par la négociation les différends entre les parties sans jamais recourir aux armes sauf en cas de légitime défense, est devenu la norme, qui bien que théorique, a imprégné profondément l'esprit des gens. Ce concept, très éloigné de la réalité, est en grande partie responsable de l'incapacité des gens et des élites à prendre acte des dangers et d'y faire face au moment opportun afin justement de préserver la paix.
Ce "concept théorique de la paix" n'est valable que pour les pays qui à prime abord n'entretiennent pas de différends sérieux, il s'avère donc parfaitement inutile sur le plan pratique; il ne sert à rien de parler de paix entre les États Unis et le Canada ou le Mexique, puisque le risque de guerre est inexistant.
De plus le "concept théorique de la paix" ne s'applique pas dans les situations de conflit entre états ou entre groupes sociaux quand l'une des parties a de bonnes raisons de croire qu'elle peut imposer sa volonté et quand l'autre refuse obstinément de se soumettre, à moins qu'une puissance extérieure ne les y oblige par voie diplomatique ou par la force. C'est le cas de tous les conflits régionaux dont l'Afrique est malheureusement le théâtre.
Quand on y regarde de près, la paix est habituellement le résultat d'un équilibre qui sur le long terme est rarement stable. Son maintien exige par conséquent que tout déséquilibre sérieux dans la balance des forces soit rétabli à temps, autrement le désavantage dont souffrirait une des parties inciterait l'autre à profiter de sa supériorité pour imposer sa volonté, il s'agit là de ce que j'appellerai le "concept pratique de la paix". C'est ainsi que la guerre entre l'Irak est l'Iran s'est allumée au moment où l'Iran, militairement affaibli et rendu vulnérable après le départ du shah, ne semblait pas capable de repousser avec succès les armées de Saddam. L'extrême faiblesse du Koweït face à l'Irak a été aussi un facteur déterminant dans la décision de Saddam de l'envahir.
Également, la guerre des six jours en juin 1967 a été causée par une rupture soudaine de l'équilibre entre Israël et ses voisins, suite aux surenchères verbales incitant Nasser à demander le retrait des forces onusiennes du Sinaï et à la fermeture subséquente du détroit de Tiran.
Ce concept d'équilibre instable est plus difficile à cerner dans le contexte de l'hyperterrorisme islamique. C'est ainsi que les États Unis avant le 11 sept 2001 étaient inconscients du danger qui les guettait, par ailleurs, la difficulté d'identifier clairement l'ennemi et le fait que ses mobiles sont largement irrationnels font que la paix malgré l'absence d'attentats, ressemble davantage à une situation d'alerte permanente.
Ce concept d'équilibre instable est aussi difficile à cerner quand il existe des tensions internes induites, comme en occident, par des mouvements importants de populations dont l'intégration ou l'assimilation s'avère problématique. Dans le contexte de la France, le problème que posent les immigrants dans les zones de non droit ajouté aux problèmes d'une immigration réfractaire à l'assimilation et potentiellement hostile à la société d'accueil, font qu'avec le temps un affrontement majeur devient de plus en plus probable. Le déséquilibre des
forces, actuellement en faveur de la société d'accueil assure temporairement une paix relative entrecoupée d'incidents sur fond de crise permanente, cependant la classe politique et les élites bien-pensantes ne sont pas prêtes à admettre que cette situation est appelée à changer radicalement à long terme.

La difficulté de résoudre la crise procède de la difficulté à la reconnaître dans sa nature et dans son ampleur. Dans la mesure où "le concept théorique de la paix" est imprégné dans l'esprit des gens, le risque de conflit continuera d'augmenter sans que l'on daigne en prendre conscience. Mais il y a pire, les avertissements lancés par les tenants du "concept pratique de la paix" seront rejetés comme autant d'encouragements au conflit.
Le "masochisme intellectuel de la grande masse des occidentaux" n'est pas étranger au fait que le "concept théorique de la paix" est le seul admis. C'est ce concept qui est promu par les pacifistes qui, faut-il le dire, s'arrangent pour pousser encore plus loin le bouchon.
En effet le pacifisme naît de la croyance qu'il n'y a pas de guerre juste et de l'illusion voulant que si l'on renonce totalement à la force, les adversaires potentiels finiront par faire le même choix et la guerre serait évitée. Dans les faits toutefois, renoncer d'avance à faire la guerre constitue un encouragement à l'adversaire. Comme dans le cas de l'Allemagne nazie dans les années 30 et plus tard de l'Union soviétique dans les années 70 et 80, l'attitude pacifiste a été contreproductive, les pacifistes sont devenus "à leur insu" les alliés des tyrans et ont encouragé ses derniers à attaquer.
Mais alors pourquoi les pacifistes ne révisent pas leur position? c'est que le pacifisme ne poursuit pas des objectifs concrets mais cherche à satisfaire des besoins psychologiques, même si le résultat de son action est de nature politique. Le pacifiste se retranche derrière une position morale, du moins le croit-il, et cette position ne peut souffrir aucun compromis. Il s'ensuit un sentiment de supériorité morale auquel il devient difficile de renoncer.
C'est ainsi que le masochisme intellectuel est invariablement associé au sentiment de supériorité morale. Il est le fait d'une minorité, qui quoique très influente n'en est pas moins vulnérable sur sa position de fond. Il s'agit alors d'entreprendre et de poursuivre le travail de fourmi qui consiste à informer les gens et à les inciter à réfléchir comme je l'ai déjà exposé.
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