Les liens entre Saddam et Al-Quaeda : le dossier accablant (3)
Spécial : Les liens entre Saddam et Al-Quaeda : le dossier accablant (3)
Richard Miniter est un journaliste d’investigation, spécialiste du renseignement, qui a publié plusieurs best-sellers sur la traque de Ben Laden, la guerre contre le terrorisme et la guerre en Irak. Ces sources incluent
Les opposants les plus têtus du Président Bush seront déçus de voir qu’il y a de nombreux liens prouvés entre le dictateur irakien et le terroriste le plus tristement célèbre du monde. Tout ce que je peux dire c’est que les preuves sont claires et incontestables. Cela ne veut pas dire que l’Irak contrôlait Al-Quaeda, que l’Irak est derrière le 11 septembre ou que la guerre était (ou pas) justifiée. Les preuves disponibles montrent seulement des contacts (ou des liens) considérables entre l’Irak et Al-Quaeda, rien de plus, rien de moins. […] Quatre sortes de liens peuvent être prouvés : des réunions, des transferts de fonds, de l’entraînement et des troupes.
Réunions
Ø En 1992, selon des documents irakiens trouvés après la guerre de 2003, des officiels du renseignement irakiens ont rencontré Ben Laden en Syrie
Ø Les services secrets soudanais ont observé des réunions entre Ben Laden et des agents irakiens à Khartoum, dès 1992.
Ø Un vétéran des services secrets irakiens, Quassem Hussein Muhammed, interviewé par le New Yorker en
Ø Un autre agent, Abu Aman Amaleeki, interviewé par ABC News, a confirmé la visite de al-Zahwiri.
Ø Michael Scheuer, l’ex-responsable de l’unité responsable de la poursuite de Ben Laden à
Ø Selon le Corriera della Serra, Saddam avait chargé son responsable du renseignement, Faruq al-Hijazi, de développer des relations avec les organisations islamiques au Soudan, dès 1994.
Ø Selon
Ø Ben Laden a rencontré le chef du Mukhabarat [renseignements irakiens] à Khartoum en 1996, selon
Ø Selon l’interrogatoire d’un membre d’Al-Quaeda capturé, Ben Laden aurait fait un accord pour cesser toute action hostile contre la dictature irakienne au milieu des années 90.
Ø Ecrits datant de 1996 du procureur Fitzgerald, de l’administration Clinton, cité par la commission du 11 septembre : «Al-Quaeda a conclu un accord avec le gouvernement d’Irak selon lequel Al-Quaeda ne travaillerait pas contre ce gouvernement, et sur certains sujets, dont le développement d’armes non conventionnelles, Al-Quaeda travaillerait en collaboration avec le gouvernement d’Irak.»
Ø En avril 2003, des documents découverts après la chute du régime, et authentifiés par
Ø Le Guardian, en 1999, signale le chef des renseignements irakiens en Afghanistan. «On pense qu’Al Hijazi a offert à Ben Laden l’asile en Irak.»
Ø Le premier ministre Iyad Allawi a expliqué au journal Al-Hayat que des documents trouvés dans les archives de l’ancien régime prouvaient la visite d’al-Zahwiri en Irak en septembre 1999. Al-Zahwiri avait été invité à une conférence islamique. Le gouvernement provisoire irakien, à en croire Allawi, avait l’invitation et les autres documents s’y rapportant.
Ø En 2000, le royaume d’Arabie saoudite est passé en alerte maximale après avoir appris que l’Irak avait fait un accord avec Ben Laden pour menacer les intérêts américains dans la péninsule arabique.
Ø En octobre 2000, un agent secret irakien, Salah Suleiman, a été arrêté à la frontière afghane par les autorités pakistanaises. Il a avoué être un agent de liaison entre son service et le no 2 de l’organisation, al-Zawhiri.
Ø En 2001, selon
Ø Les photographies des renseignements malais en janvier 2000 montrent Ahmed Shakir, un agent irakien, à une réunion clé à Kuala Lumpur où ont été décidés les attentats de l’USS Cole et ceux du 11 septembre.
Transferts de fonds
Ø Le 19 janvier 1991, le président du comité sur le renseignement, le sénateur démocrate David L. Boren, a dit au Washington Post que «Saddam a mis en place un réseau incluant certaines des organisations terroristes les plus sophistiquées du monde.»
Ø Des documents trouvés à la chute du régime montrent que le régime baasiste finançait les «forces démocratiques alliées», un groupe d’islamistes ougandais affilié à Al-Quaeda. Le centre de recrutement de l’organisation se trouvait à Bagdad.
Ø En page 14 d’un document du renseignement irakien daté du 28 mars 1992, on lit qu’Oussama Ben Laden a de bonnes relations avec les services irakiens de Syrie.
Ø Colin Powell, 23 mai 2005 : «Un prisonnier membre d’Al-Quaeda nous a dit que Saddam avait été encouragé dans son soutien à Al-Quaeda après les attentats de 1998 de nos ambassades au Kenya et en Tanzanie. Saddam a également été très impressionné par les attaques d’Al-Quaeda contre le USS Cole au Yémen en octobre 2000.»
Ø Le porte-parole de l’Union patriotique du Kurdistan a dit à
Ø Le Monde, 9 juillet 2005 : «Ansar Al-Islam a été créée en 2001 par l’aide conjointe de Saddam Hussein – qui comptait l’utiliser contre les Kurdes modérés – et Al-Quaeda, qui espérait trouver au Kurdistan un nouvel emplacement pour recevoir ses membres.»
Ø
Ø Un membre d’Ansar Al-Islam capturé, Rebwar Mohammed Abdul, a dit au Los Angeles Times avoir vu deux fois Abu Wael, un officier des renseignements irakiens, discuter avec le Mollah Krekar, le chef du groupe islamiste.
Ø Le journaliste Jeffrey Goldberg, du New Yorker, a interviewé de nombreux terroristes d’Ansar Al-Islam capturés par les peshmergas kurdes lors de l’opération «Viking Hammer» (28-30 mars 2003). Il écrit : «Leurs affirmations incluent le fait qu’Ansar Al-Islam recevait des fonds directement d’Al-Quaeda ; que les officiers du service des renseignements de Saddam Hussein avait le contrôle, avec des agents d’Al-Quaeda, sur Ansar Al-Islam ; que Saddam Hussein a invité un leader important d’Al-Quaeda en 1992 ; qu’un grand nombre de membres d’Al-Quaeda ont été accueillis dans le territoire contrôlé par Ansar Al-Islam après leur fuite d’Afghanistan et que les services secrets irakiens faisaient entrer des armes non conventionnelles, même chimiques et biologiques, en Afghanistan.»
Entraînement
Ø Un déserteur des Fedayeens de Saddam, le colonel Abu Mohammed, a déclaré au Sunday Times en 2002 qu’il avait vu des combattants de Ben Laden s’entraîner en Irak en 1997, au sud de Bagdad, dans le camp de Salman Pak. Selon lui les combattants arabes s’entraînaient à prendre d’assauts, à l’aide de couteaux, de véritables Boeings 707. «Nous avons été accueillis par le colonel Jamil Kamil, le directeur du camp, et le major Ali Hawas. J’ai remarqué un grand nombre de personnes faisant la queue pour obtenir de la nourriture. [Le major] m’a dit : «Tu n’as rien à faire avec ces gens. Ils sont du groupe de Ben Laden, du PKK [terroristes kurdes agissant en Turquie] et de Mojahedin-e Khalq [un groupe islamiste actif au Pakistan].»
Ø A la fin des combats en 2003, le reporter de l’AP Ravi Nessam a observé le camp de Salman Pak, avec «un terrain pour les assauts urbains, un train à trois wagons pour l’instruction au sabotage et un avion de ligne en plein milieu du désert.» Des photographies de ce camp et de l’avion sont disponibles. Le général Vincent Brooks, porte-parole de l’armée américaine, a dit le 6 avril 2003 : «les fonctions de certaines personnes que nous avons capturées et l’entraînement qu’ils ont reçus nous laissent à penser que le camp de Salman Pak servait à entraîner des terroristes.»
Ø Un capitaine irakien, Sabah Khodada, a dit à
Ø Selon le 9-11 Commission Staff Statement 15, au printemps 1998, l’Irak s’est engagée à fournir de l’armement à Al-Quaeda.
Ø Lors de son interrogatoire en 2003, le chef des renseignements irakien Faruq al-Hijazi a appris aux Américains que Ben Laden avait spécifiquement demandé à l’Irak des mines antinavires [utilisées en 2000 contre l’USS Cole] et des camps d’entraînement en Irak.»
Troupes
Ø Ramzi Yousef, le terroriste des attentats de 1993 contre le World Trade Center, est entré aux Etats-Unis avec un faux passeport irakien puis, son forfait commis, a fui en Irak avant d’être arrêté à Manille, alors qu’il cherchait à commettre de nouveaux attentats.
Ø Abdul Rahman Yasin, le seul terroriste des attentats de 1993 à n’avoir pas été arrêté, a fui en Irak. En 2003, les forces américaines ont retrouvé sa trace dans les archives de la ville de Tikrit. Yasin avait reçu une maison et un salaire mensuel par le régime de Saddam Hussein.
Ø En 1998, Abbas al-Janabi, un membre de l’entourage du fils de Saddam Hussein, Oudaï, a déserté à l’Ouest et a répété aux autorités américaines qu’il existait une alliance entre Saddam et Al-Quaeda.
Ø Le marchand d’armes Mohamed Mansour Shahab, arrêté par les forces kurdes en
Ø Six mois avant les attentats du 11 septembre, et alors que les contacts de Atta pour Al-Quaeda étaient à Hambourg, la police fédérale allemande a arrêté deux Irakiens suspectés d’espionnage. Selon le procureur de Karlsruhe, ils transmettaient des ordres de missions dans «des villes allemandes au début de l’année 2001». Le 16 mars 2001, un journal arabe basé à Paris (al-Watan al-Arabi) a relaté les détails de l’arrestation. Selon le journal, les arrestations ont eu lieu alors que les services allemands avaient appris que l’Irak cherchait à réorganiser ses services secrets en Allemagne et que ces derniers avaient mis au point un plan pour attaquer les intérêts américains dans le monde par le biais d’une alliance avec des fondamentalistes. Le rapport le plus crédible contenait des informations selon lesquelles Saddam Hussein et Oussama Ben Laden travaillaient ensemble. Les autorités allemandes, sur recommandation de
Ø Une responsable important d’Al-Quaeda, Abu Zubay-dah est souvent cité par les sceptiques. En effet, dans son interrogatoire, il a jugé «improbable» une alliance entre Saddam Hussein et Al-Quaeda. Mais les sceptiques refusent de signaler que le même personnage a dit «avoir entendu que Abu Moussab Al-Zarkawi et d’autres avaient de bons contacts avec les renseignements irakiens.»
Ø Abu Mussab Al-Zarkawi, blessé en Afghanistan, a été soigné à Bagdad en 2002, à l’hôpital olympique, celui dirigé par le fils-même de Saddam Hussein, Oudaï.
Ø Depuis l’Irak. Zarkawi a organisé le meurtre du diplomate américain Lawrence Foley, à Amman, en Jordanie. C’est le meurtrier du diplomate, arrêté par les services jordaniens, qui a donné le nom du commanditaire.
Ø Le deuxième secrétaire de l’ambassade irakienne de Manille, Hisham al-Hussein, a été expulsé du pays le 13 février 2003. Ses appels téléphoniques du 2 octobre 2002 indiquaient qu’il avait eu des contacts avec l’organisation islamiste d’Abou Sayaaf, qui terrorise les Phillipines. Le jour de ses appels, un attentat islamiste a eu lieu à Zamboanga City, qui a fait vingt-trois blessés et trois morts, dont un Américain membre des forces spéciales.
Ø Le Vice-Président Dick Cheney, en 2004 : «Nous avons collecté de plus en plus d’informations sur les relations entre Saddam et Al-Quaeda. Nous avons appris que cette relation s’était épaissie durant la dernière décennie, que cela incluait de l’entraînement aux armes biologiques et chimiques, qu’Al-Quaeda a envoyé des agents à Bagdad et les a entraînés, et que les Irakiens ont apporté à Al-Quaeda leur expérience dans la fabrication de bombes.»
Pour ce qui est du terrorisme islamiste en général : le Hamas a ouvert un bureau à Bagdad en 1999 et l’Irak accueillait les conférences du jihad islamique palestinien. Saddam offrait 25'000 $ aux familles des terroristes palestiniens, et a accueilli à Bagdad deux des pires terroristes des années 80, Abou Abbas et Abou Nidal.
Le 13 janvier 1991, Saddam Hussein a organisé une «conférence islamique populaire» à Bagdad. Alors que la première guerre du Golfe avait été déclenchée, les imams présents ont appelé la salle, et le monde musulman, à déclencher le jihad contre les envahisseurs. Selon le chercheur Stephane Hayes : «ces conférences n’étaient pas juste une autre manière pour Saddam de se mettre en bons termes avec les fondamentalistes. Selon plusieurs officiels américains, ces conférences étaient remplies d’agents irakiens qui recrutaient des islamistes pour mener des opérations contre l’Occident.»